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2022 ...
A l'ombre des planches

Une petite histoire d'escargots

C’est avec plaisir que je vous partage quelques mots pour raconter l’histoire de mon élevage helicicole. Ça y est, ma ferme aux escargots existe et a accueillie ses premiers locataires !

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Voici la brève chronique de cette installation que je prépare depuis plus d’une année :

Début 2021 j'ai quitté mon précédent travail pour suivre une formation en héliciculture au CFPPA de La Motte Servolex (Savoie), valider un diplôme agricole et suivre mon parcours d'installation en lien avec la chambre d'agriculture du Rhône.

 

Le 1er février 2022, je suis disponible, formé et officiellement installé en tant qu’agriculteur. Après des travaux de terrassement, de construction des parcs d’élevage, d’aménagements de bâtiments, j’ai pu accueillir mes premiers escargots.

Mais avant tout ça je n'élevais pas des escargots ! C'est donc une nouvelle aventure professionnelle qui débute, une aventure de vie aussi.

 

Certains parlent de « tout plaquer pour un retour à la terre »...certains parlent, dans un jargon plus technique, de devenir « agriculteur à titre principal »… Je préfère dire que j’ai choisis une nouvelle vie de paysan ; je n’ai pas « tout plaqué » (heureusement !), j’envisage plutôt ce moment comme le commencement d’autre chose, dans la continuité de ce que j’ai déjà été ; pas de rupture brutale et soudaine, plutôt un fil que j’ai trouvé et suivi jusque là...

Pour cette année, forcément, les escargots ne seront pas nés à la ferme (ils y seront élevés et cuisinés par mes soins), mais cela reste l’objectif à partir de 2023. J’ai donc acheté des juvéniles chez des éleveurs réputés dans la profession (Marc Lafosse, Laurent Coutable et Olivier Clavel) pour constituer mon premier cheptel.

Ce sont 250 000 escargots qui ont rejoins mes parcs d’élevage végétalisés. Ils y vivent la nuit en sortant pour s’alimenter et ainsi se développer jusqu’à leur taille adulte ; ils y dorment la journée, à l’abri du couvert végétal et sous les planches disposées à cet effet.

« A l’ombre des planches », c’est donc sous cette appellation que je produirai mes escargots.

Il faut mener les escargots à leur pleine croissance (échéance courant octobre), les ramasser, les préparer, sélectionner les futurs reproducteurs qu’il faudra mettre en hibernation puis à l’accouplement en début d’année prochaine. Ainsi le cycle de l'escargot sera bouclé et recommencera pour un tour.

Cette première saison est difficile, notre terre à vignes était bien pauvre et compliquée à travailler, les conditions climatiques (chaleur, sécheresse) ont été rudes et ont conduit à des pertes importantes ... il y aura donc moins d'escargots que prévu, la gamme évoluera peut-être en fonction de la récolte, mais il faut faire avec les conditions environnantes et je m'adapterai au mieux !

Les premiers escargots cuisinés seront prêt en cette fin d’année 2022, je suis impatient et j’espère que vous l’êtes aussi.

Mais pourquoi des escargots ?

 

Tout part d’une histoire classique, où la quarantaine approchant, l’envie de changement pointe le bout de son nez.

Mais pas facile de changer de voie lorsque l’on est passionné par son métier, bien installé professionnellement et père de trois enfants dans la force de l’âge (13, 11 et 9 ans).

Pas facile non plus ce sentiment de ne pas être suffisamment disponible pour sa famille, de ne pas investir pleinement le lieu où nous vivons, de ne pas profiter à sa juste valeur de la nature qui nous entoure, d’autant plus dans le monde d’aujourd’hui, qui nous rappelle chaque jour à quel point nos comportements marquent la planète d’une empreinte dévastatrice.

Pas facile non plus mon ancien travail qui, malgré sa richesse, met à rude épreuve les affects et les émotions dès lors que l’on tâche d’y mettre plus qu’une simple technicité professionnelle.

Alors la question s’est posée de savoir si il ne fallait pas opérer quelques changements, écouter mes envies et projets, quand bien même ils viennent bousculer un peu l’équilibre de vie que nous avons patiemment construit avec ma compagne Stéphanie.

Il faut croire que les conditions étaient réunies, les planètes peut-être alignées, notre ancrage et notre confiance suffisamment fort ; alors je me suis lancé, mais cela impliquant plus que moi seul, je peux dire que nous nous sommes lancés !

 

J’ai dit au revoir à une première vie de travail social, dans le monde des associations, de la lutte contre les exclusions et de l’insertion.

J’ai dit au revoir à certains de mes repères, avec la conviction d’en construire de nouveaux, en harmonie avec la nature, pour me recentrer sur l’essentiel ; un escargot face aux dérives du monde, c’est bien peu mais c’est déjà ça !

 

Nous vivons dans un formidable village du Beaujolais, Salles Arbuissonnas en Beaujolais, et avons la chance de nicher dans un hameau exceptionnel, tout du moins à nos yeux.

 

La nature nous y laisse une petite place et nous tâchons de lui partager avec bon sens ce précieux environnement. Contemplatif devant la beauté des levers et des couchers de soleil, la faune environnante et ses sons nocturnes, la vue sur les coteaux, les palettes de teintes des saisons changeantes, la puissance des éléments qui nous rappellent à notre modeste place (le vent qui nous balaie, le soleil qui nous sèche, la pluie qui nous ravine) ; j’ai eu l’envie irrésistible que mes journées soient attachées à la naturalité de ce lieu.

L’envie d’un projet lié à l’agriculture est le fruit de rencontres, avec des passionnés de ce rapport à la terre, qui m’ont inspiré chacun à leur manière.

Je dois citer le surnommé « Petit frère », chevrier du Beaujolais, travailleur et fidèle aux autres et à son troupeau.

Je dois citer Simon Besnard, qui a été mon collègue de travail et qui m’a sans aucun doute éclairé de sa passion, de sa technicité et de sa vision d’une agriculture respectueuse.

Je dois citer Guy Fayard, homme du bois, plus tout jeune et pourtant porteur de convictions fortes dès lors qu’il s’agit d’environnement, de développement durable et d’humanité ; convictions qu’il s’efforce de transmettre à d’autres, plus jeunes que lui, moins sensibles à ces questions et pourtant tellement concernés par l’avenir du monde.

Et je dois citer Ocème, qui voyait dans la terre sa planche de salut, qui m’a ouvert les yeux sur le potentiel de ma colline, que j’aurais voulu aider mieux et qui malheureusement nous a quitté, trop tôt. Ça a été pour moi une blessure forte, un moment qui m’a fait perdre un temps l’équilibre, mais aussi un éveil à m'écouter différemment ; Ocème voulait élever des porcs sur la même terre où j’élèverai des escargots ; les bêtes sont assez différentes, mais il y a évidemment une part d’hommage dans mon projet.

Mais pourquoi les escargots alors ?

C’est la question que tout le monde me pose (moi en premier d’ailleurs), sans savoir complètement y répondre…

La sympathie pour l’animal, qui ne cesse d’attiser ma curiosité ?

L’envie, symbolique, de ralentir la cadence ?

Le besoin, à mon image, d’un type d’élevage décalé d’une agriculture de masse ?

Les rencontres avec des passionnés, Julien Dumait et Cyril Michel, mes deux maîtres de stages ? Christophe Simoncelli, mon formateur héliciculture au CFPPA de La Motte Servolex, qui  m’a largement outillé pour cette nouvelle aventure ?

Les échanges d’idées précieux lors des soirées avec mes collègues de formation, particulièrement Marion et Brian ?

Le fait de disposer du terrain et des bâtiments suffisants pour implanter mon élevage sans trop de complexité ?

Le fait d’avoir élevé quelques escargots en 2021, pour voir leur adaptabilité au lieu, et d’avoir eu des retours positifs de ceux qui ont pu les déguster ?

Sans doute que toutes ses personnes (et d’autres que je n’ai pas cité ici), toutes ces rencontres et tous ces paramètres m’ont fait passer le cap ; sans doute que c’était le moment; sans doute que le soutien de ma famille (par les mots et par les actes), sans failles, m’a facilité la tâche et a rendu possible cette nouvelle histoire.

Alors je les en remercie tous, amicalement et très sincèrement.

Et maintenant j’élève des escargots, à mon rythme, au leur et à l’ombre des planches !

A ma sauce aussi ! En puisant une peu chez les autres bien sur, mais également en faisant à ma façon, en imprimant ma propre identité. Il y a les recettes classiques à base d’escargots, que je vous proposerai avec plaisir, mais tout aussi important à mes yeux, il y a les valeurs que chacun place derrière son travail. Elles n’ont pas de goût à proprement parlé, mais je suis convaincu qu’elles amènent à une saveur particulière.

Je veux parler des engagements et des valeurs qui fondent mon action :

  • Un travail respectueux des personnes et de l’environnement.

  • Une logique de proximité.

  • Une posture raisonnée.

  • Et à termes, comme un lien avec mon passé,  l’envie de donner une dimension solidaire à mon projet, dans une forme encore à définir...

Ce sont ces valeurs qu’il m’importe de transmettre à mes propres enfants et que je souhaite partager avec vous, pour une production qui sera je l’espère de qualité. Je tacherai de vous dire comment je travaille, avec honnêteté, et pour que notre relation soit placée sous le signe de la confiance.

Au plaisir de vous retrouver, A l’ombre des planches, pour déguster, échanger, et se rencontrer !

Julien

Il y a un proverbe africain qui dit :

« Tu va à la chasse à l’éléphant et tu trouves un escargot, prends le ! »

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